Tchernobyl : 90% des enfants en mauvaise santé

UKRAINE. Situé en zone d'évacuation, Naroditchi attire des habitants, vingt-six ans après le drame.

Le nombre d'élèves de la maternelle de Naroditchi est passé de 45 en 1995 à 143 aujourd'hui

Avant d'aller faire la sieste, les élèves de la maternelle Solnychko se régalent de bortch et de compote dans une cantine aux murs flambant neufs. L'infirmière de l'établissement a composé les repas, dont les aliments ont été testés en laboratoire. Et pour cause, l'école de Naroditchi est installée à moins de 70 km de la centrale de Tchernobyl et la ville se trouve en zone d'évacuation obligatoire (zone 2). Selon la loi, personne n'est autorisé à venir s'installer ici. Les habitants y sont pourtant de plus en plus nombreux. En témoigne l'ouverture d'une crèche et la maternelle, récemment rénovée, dont le nombre d'élèves est passée de 45 en 1995 à 143 aujourd'hui.

Seuls 10% des enfants en bonne santé
Officiellement, Naroditchi et ses alentours totalisent près de 10.000 habitants, dont 1.500 enfants en bas âge. Un baby-boom qui s'explique autant par une vague de retour d'anciens habitants chassés par l'accident nucléaire du 26 avril 1986 que par l'arrivée de nouveaux venus. Poussés par la crise économique, «ils viennent ici pour trouver un logement bon marché [...], témoigne Natalya Stepantchenko, directrice de l'établissement scolaire depuis 1998. La pauvreté préoccupe les gens, pas la radioactivité!» Pourtant, «seuls 10% des enfants sont en bonne santé, alerte Maria Pachtchouk, médecin. Et la plupart des 70.000 patients adultes que nous recevons chaque année ont aussi des pathologies liées à la radioactivité. Troubles respiratoires, problèmes digestifs, cancers… Certains cumulent, deux, voire trois maladies.»

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Alesya, 17 ans, victime de Tchernobyl

Aleysa Beoia, 17 ans, ne dort pas. Cette jeune Ukrainienne vient de décéder, après avoir succombé à une leucémie. Comme des milliers d'autres enfants de son pays, elle a contracté sa maladie après avoir été exposée à la pluie radioactive qui a suivi l'explosion du quatrième réacteur de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986.

PAUL FUSCO/MAGNUM PHOTOS