vendredi 20 avril 2012

Le 10e Parc national naît dans les Calanques

Il aura fallu près de treize ans pour y parvenir, mais le Parc national des Calanques est officiellement né. François Fillon a signé mercredi le décret de création du Parc national des Calanques et y effectue un déplacement aujourd'hui. À la fois parc terrestre et maritime, il est le premier parc national créé en métropole depuis 1979, le premier parc périurbain d'Europe et le troisième au monde avec ceux du Cap en Afrique du Sud et Sidney en Australie. Cette nouvelle catégorie de parc, une sorte d'ovni pour les écologistes les plus radicaux, a été rendue possible par la loi Giran du 14 avril 2006, qui a sensiblement modifié les critères de classement et le mode de gouvernance.

Sans cela, le dixième parc national français n'aurait pas pu voir le jour. Car son territoire, situé en majeure partie sur la commune de la deuxième ville de France, est la destination détente préférée de nombreux Marseillais et Provençaux. Ses magnifiques falaises de calcaires blancs taillées comme des fjords par les embruns, le mistral et le soleil attirent depuis des décennies cabanoniers, pêcheurs, chasseurs, randonneurs, grimpeurs, plaisanciers et bateliers, qui s'y sentent chez eux. Il fallait donc réglementer tous ces usages, qui vont survivre avec quelques aménagements (10 % de zones de pêche interdite, interdiction des jet-skis et scooters de mer, des compétitions motonautiques et de pêches sous-marines, des haut-parleurs par les bateaux de visites…) pour préserver la beauté du lieu, sa biodiversité et son patrimoine culturel.

"Un objet monde"
Le site célébré par Cézanne, Derain et Mistral abrite en effet 138 espèces terrestres protégées, dont l'un des derniers couples d'aigles de Bonelli présents en France, et 60 espèces marines patrimoniales, comme le mérou, le corb, le dauphin et la tortue marine. Il compte en outre de nombreuses espèces végétales endémiques, comme l'ophrys de Marseille, la sabline de Provence ou l'astragale de Marseille. Quatre-vingt-dix sites archéologiques, dont la célèbre grotte Cosquer, y sont répertoriés.


 Selon la charte adoptée en janvier, le «cœur» du parc, qui va de Marseille à Cassis et La Ciotat, s'étend sur 8 500 hectares sur terre et 43 500 en mer. Dans ces espaces, le parc disposera d'un pouvoir réglementaire, fixé dès sa création par décret et évoluant ensuite au fil du temps. Son accès ne sera pas payant. Autour, l'aire optimale d'adhésion (8 300 ha terrestres) est un espace de partenariat entre les communes volontaires et le parc, où seront favorisés les projets de développement durable.
Le mode de gouvernance sera différent des premiers parcs, puisque l'État n'aura plus que 40 % des sièges au conseil d'administration, aux côtés des acteurs locaux, comme les élus, les représentants d'associations et des scientifiques. «Ce parc, un objet monde, est une chance pour Marseille et sa métropole, la positionnant comme un territoire d'excellence en matière de protection de l'environnement. Cela va tirer l'image de Marseille vers le haut», souligne Guy Teissier, président du groupement d'intérêt public (GIP) mis en place en 1999 pour créer le parc. Ce dernier, également maire des 9e et 10e arrondissements, dont une partie du territoire est incluse dans le parc, s'est dépensé sans compter pour y parvenir. «Le feu terrible qui dans les années 1980 a ravagé le massif a été le déclencheur de la mobilisation», souligne-t-il.



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