Salle temps pour nos abeilles. Non content de devoir faire face à une espèce invasive très agressive, le frelon asiatique, elles sont aussi confrontées à une dégradation de leur environnement causée par les pesticides.
Plus la recherche scientifique avance, moins il devient possible de contester
la nocivité des pesticides sur l'environnement. Pour son rôle
d'éclaireuse en territoire de plus en plus miné, l'abeille a déjà fait
l'objet de nombreux travaux.
Elle a droit cette fois à deux études publiées dans la revue Science
du jeudi 29 mars, inédites par la technologie retenue et parce qu'elles
ont l'une et l'autre opté pour des conditions réalistes plutôt que pour
des expériences de laboratoire.
Toutes deux soulignent l'impact de la famille d'insecticides la plus
répandue dans le monde : les néonicotinoïdes, qui agissent sur le
système nerveux central des insectes.
L'équipe française - codirigée par Mickaël Henry de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) et Axel Decourtye,
écologue pour le réseau des instituts des filières agricoles et
végétales (ACTA) - a placé avec de la colle à dent une minuscule puce de
radio-identification (RFID) sur le thorax de 653 abeilles mellifères.
Les chercheurs voulaient vérifier si, comme certains apiculteurs en
avaient formulé l'hypothèse, les produits contenant du thiaméthoxam
peuvent leur faire perdre le sens de l'orientation. Le Cruiser, fabriqué par le groupe suisse Syngenta et destiné au maïs et au colza, les rend-elles incapables de rejoindre leur ruche ?
UN BOURDON SAUVAGE QUI PERD L'APPÉTIT
Après avoir
observé les sorties et les retours de leurs protégées individuellement
grâce à un lecteur électronique, ils ont constaté que 10 % à 31 % de
celles qui étaient intoxiquées, même à faible dose, ne retrouvaient pas
leur chemin. Ce qui éclaire en partie le syndrome d'effondrement des
colonies. Car, loin de leur ruche, elles meurent trois fois plus que le
taux normal.
Ces résultats sont contestés par Syngenta. Mais le ministère de l'agriculture a annoncé, jeudi soir, qu'il envisageait d'interdire le Cruiser, expliquant attendre un avis de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) sur l'étude de Science d'ici à fin mai, "avant la nouvelle campagne de semences en juillet".
La deuxième recherche menée en Ecosse s'intéresse au bourdon sauvage Bumbus terrestris,
qui souffre, lui aussi, de déclin. Bien qu'il tienne un rôle essentiel
dans la pollinisation des fraises, framboises, myrtilles et tomates,
entre autres fruits, celui-ci a jusqu'à présent bénéficié de moins
d'intérêt de la part des chercheurs.
Penelope Whitehorn et Dave Goulson,
biologistes de l'université de Stirling, ont confronté des colonies de
bourdons en développement à de l'imidaclopride, un autre néonicotinoïde
présent, entre autres, dans le Gaucho.
Les doses utilisées étaient comparables à celles que butinent les
bourdons. Au bout de six semaines, les chercheurs ont observé que les
nids contaminés par le pesticide avaient pris 8 % à 12 % moins de poids
que les colonies témoins, ils en déduisent que les insectes s'étaient
moins nourris. Surtout, les nids avaient produit 85 % moins de reines.
Ce qui peut signifier 85 % de nids en moins l'année suivante, rappellent les auteurs de l'étude.
Connaître notre patrimoine naturel. Agir localement pour protéger notre environnement. Préserver la faune et la flore de nos contrées d'Europe. Lutter contre les espèces invasives et les différentes formes de pollutions. Respecter la nature. Gérer les déchets. Bien utiliser nos ressources naturelles. Sus aux gaspillages. Economiser l'énergie. Connaître les écosystèmes et protéger la biodiversité. Transmettre à nos enfants un environnement sain.
vendredi 30 mars 2012
Le déclin des abeilles précipité par les pesticides
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